Du mentorat à la mise en place de sessions de formation
Depuis une trentaine d’années, le mode de formation des paveurs au sein des entreprises spécialisées s’apparente à une forme de compagnonnage qui se traduit par la réalisation d’activités professionnelles en présence d’un pair, qui transmet ses connaissances et ses savoir-faire. Une transmission qui repose exclusivement sur la démonstration sur le terrain sans qu’aucun apprentissage ou enseignement théorique ne soit dispensé.
Les équipes sont généralement constituées de binômes, configuration et fonctionnement pouvant également s’apparenter à une forme de mentorat. Avec, cependant, un rapport hiérarchique entre le compagnon confirmé, reconnu pour son expérience et occupant le poste de chef d’équipe ou parfois de chef de chantier, qui remplit le rôle de mentor, et son apprenti, qu’il choisit parfois lui-même pour sa motivation ou son aptitude à pouvoir progresser.
L’insertion professionnelle du jeune apprenti paveur et le développement rapide de ses compétences individuelles dépendent souvent du bon équilibre de la relation interpersonnelle avec son ainé.
Aussi, la relative proximité géographique entre le mentor et son apprenti a démontré ses bienfaits. Elle amène ces derniers à passer davantage de temps ensemble en dehors du contexte du chantier, notamment lors des trajets quotidiens. Période propice aux divers échanges susceptibles de parfaire l’instruction du jeune arrivant, mais aussi favorable à l’installation d’une relation de confiance et d’entraide mutuelle.
S’agissant d’un métier physique, il est primordial que le jeune apprenti trouve rapidement ses marques pour ne pas se décourager. Pour y parvenir, le compagnon lui enseigne les règles et les valeurs de l’organisation propre à l’entreprise qui l’emploie afin de faciliter son intégration au sein des autres équipes.
La hiérarchie joue également un rôle moteur, du chef d’entreprise souvent impliqué dans l’exploitation directe au conducteur de travaux, qui aura plus fréquemment l’occasion de voir évoluer l’apprenti en situation de travail.
Le compagnon expérimenté a recours au mode pédagogique de la démonstration sur le terrain dans la transmission de ses savoirs et savoir-faire. Grace à son expertise, il guide, conseille et enseigne à son apprenti les fondamentaux du geste de paveur, mais aussi les réflexes et automatismes à adopter, y compris face aux situations critiques liées aux impondérables de chantier. S’il remplit parfaitement son rôle, un apprenti doit être en mesure, au bout de 2 ans de formation, de poser des pavés ou des dalles suivant des appareillages simples comme la range droite. Il doit également être parfaitement autonome dans les exercices de traçage et de réalisation des découpes de pierre.
Il parachèvera sa formation durant encore quelques années pour prétendre accéder à son tour au titre de compagnon et pouvoir prendre des responsabilités dans l’entreprise. Il continuera à apprendre tout le long de sa carrière car les techniques et les matériaux évoluent. Voici les compétences fondamentales à acquérir pour prétendre devenir à terme un compagnon confirmé capable de former de jeunes débutants :
Au vu du caractère concurrentiel du marché du pavage, la condition de rendement, bien que justifiée, a très longtemps constitué la règle.
Toutefois, la course au rendement a aussi démontré ses limites, et ce à plusieurs égards. Car les paveurs ayant une capacité à réaliser des rendements exceptionnels sur un type d’appareillage donné se sont, dans la plupart des cas, vus cantonnés et réduits à la seule pratique de ce même type d’appareillage. Et, si le rôle économique de ces paveurs était très appréciable, il n’en demeure pas moins qu’il se réalisait au détriment de l’épanouissement et de l’élargissement du savoir-faire de ces derniers. Une logique économique consistant en une forme de recours exclusif (et réduit) à certains types précis d’appareillages et aux seuls savoir-faire qu’ils requièrent et qui, inévitablement, a conduit à une perte évidente de la maitrise de nombreux autres appareillages. Et dont il ressort une restriction tant au niveau du choix (d’appareillages) qu’au niveau de la prescription des concepteurs. Sans compter celle de la transmission des savoirs et de la créativité…
Un constat édifiant quant aux appareillages à cercles non concentriques, en particulier, qui, après avoir été délaissés pendant 20 ans, reviennent au goût du jour. Mais dont à peine 15% des paveurs en France maitrisent parfaitement la technique ….
Savoir-faire et polyvalence, deux qualités essentielles qui méritent d’être valorisées aujourd’hui en ce qu’elles constituent le meilleur gage de qualité de service que peut offrir une entreprise spécialisée, comme le meilleur gage de préservation des techniques et savoir-faire.
Une réalité que les entreprises de l’APP ont intégrée il y a quelques années. Animées par une réelle prise de conscience quant à la question, celles-ci se montrent plus soucieuses de l’étendue du savoir-faire et de la polyvalence de leurs paveurs.
L’APP souhaite remédier à cette situation préoccupante pour les générations futures et projette d’organiser à terme, au sein des centres de formation professionnelle, des cessions composées de modules adaptés à la réalité du marché mais aussi à la maitrise carencée de techniques en voie de disparition. En gage de préservation du savoir-faire ancestral, à en croire l’histoire du pavage en France.
Le premier module de formation organisé par l’APP et réservé aux entreprises adhérentes est en cours de finalisation. Il intègrera une partie théorique et aura pour objet : « Initiation à la pose de pavés en arceaux, spires ou cerces – Implanter et poser des pavés mosaïques en arceaux ».
Les premières cessions auront lieu début 2023.
L’actualité des différents modules des formations organisées par l’APP, ainsi que leurs contenus, feront l’objet d’une publication sur cette page. Toutefois, l’accès à ces modules sera, pour l’instant tout du moins, réservé aux seules entreprises membres de l’APP.
Janvier 2023
Accès réservé aux entreprises adhérentes*